expositions collectives

« Merci Monsieur Cordier »
Les Abattoirs, Toulouse
28 juin – 28 août 2005


> Carton d’invitation recto de l’exposition « Merci Monsieur Cordier »,
Les Abattoirs, Toulouse, 2005.


> Viviane Tarenne (sous la dir.), Donations Daniel Cordier : le regard d’un amateur : Donations Daniel Cordier dans les collections du Centre Pompidou Musée national d’art moderne, Toulouse, les Abattoirs ; Paris, Centre Pompidou, nouvelle édition revue et corrigée, 2005.


/// Communiqué

« Cinq ans…
Depuis le 20 juin 2000, date de leur ouverture au public, les Abattoirs ont régulièrement proposé expositions temporaires et sélections choisies de leur collection.
Historiques, contemporaines, thématiques ou monographiques, les premières ont été parfois consacrées à des artistes majeurs de la collection: Soulages, Hantaï, Michaux, Dado, Réquichot, Simonds, Kusama ou Wang Du… Mais jamais nous n’avons pu présenter l’ensemble d’une collection riche aujourd’hui de près de 2000 œuvres: nos surfaces n’y suffisant pas et nous avons toujours eu la volonté d’associer en permanence collection et expositions temporaires.
Pour les cinq ans du Musée, nous offrons cet été à notre public un regard étendu sur ce qui constitue en quelque sorte le cadeau merveilleux d’un collectionneur enthousiaste, Daniel Cordier, qui a souhaité que le Musée national d’Art moderne – Centre Georges Pompidou dépose aux Abattoirs l’ensemble de sa donation à l’État et au MNAM, soit près de cinq cents numéros.
Il fallait donc cette grande exposition pour dire ainsi Merci à Monsieur Cordier.
À cette occasion, les Abattoirs se sont naturellement associés au Musée national d’ Art moderne – Centre Georges Pompidou pour publier une deuxième édition du catalogue de la donation Cordier. La médiathèque des Abattoirs nous invite par ailleurs à découvrir des archives importantes concernant l’activité de galeriste de Daniel Cordier. Enfin, pour fêter nos cinq ans, nous sommes conviés encore à consulter en ligne l’ensemble de la collection des Abattoirs, soit plus de 2000 œuvres accessibles gratuitement (reproductions, notices descriptives ou détailles) à l’adresse www.lesabattoirs.org. »

Claude Schweisguth, « Hessie », in Donations Daniel Cordier : le regard d’un amateur : Donations Daniel Cordier dans les collections du Centre Pompidou Musée national d’art moderne,  Toulouse, les Abattoirs; Paris, Centre Pompidou, 2005, p. 208-209.

« On sait qu’un des apports majeurs de l’art du XXe siècle aura été l’utilisation sans préjugés de tous les matériaux, du plus précieux au plus trivial. Hessie, quant à elle, travaille avec le tissu, du coton fin ou épais, du fil, soie ou coton, une aiguille (des boutons aussi parfois, comme dans d’autres œuvres), c’est-à-dire avec des matériaux quotidiens, banals, même s’ils sont riches de métaphores et précédés d’une longue tradition. Hessie dès son plus jeune âge, à Cuba, n’a-t-elle pas appris, avec une vieille grand-mère, tous les raffinements de la broderie ?

Elle ne veut pas faire des tapisseries-sculptures, du tissage ou créer des effets plus ou moins décoratifs, mais élaborer plutôt une écriture très libre où les déliés, les boucles, les blancs, les rythmes auraient plus d’importance que le sens des mots, où l’on peut lire à son gré, de bas en haut, de droite à gauche, où l’on ne sait pas vraiment où l’on va. Pourtant si cela semble lâche, léger, comme en état d’apesanteur, si tout est transparence, si tout enfin n’a l’air que de tenir à un fil, à un souffle, il y a aussi une structure sous-jacente, une tension évidente dans la façon d’organiser la surface, de tirer et de nouer les fils. Mais c’est une géométrie souple, où tout est possible – on peut, par exemple, imaginer un envol de papillons ou bien un fouillis d’herbes parcourues par des milliers d’insectes minuscules. Tout en gardant les apparences de son temps – recherche sur les matériaux bruts, toile flottante, formes primaires –, n’y aurait-il pas aussi, chez Hessie, un peu de malice et d’ironie envers tous ces discours critiques des années 1970, dans cette manière de faire des embarras de boucles, des nœuds, ou encore des petites perforations strictes pour rien, pour le plaisir, un plaisir éphémère comme celui d’une danse ? On fait semblant de suivre un fil, mais aucun fil ne mène au but (et quel but ?). Hessie a parlé de Survival Art : peut-être est-ce pour cela qu’elle refuse de dater ses œuvres, même s’il existe des séries. Hessie est mystérieuse, elle ne dira rien de ses sources, de son histoire, de ce qu’elle aime ou n’aime pas dans l’art contemporain.

On sait qu’elle est mariée à Dado, qu’elle ne pratique plus son art, qui pourrait, dans son retrait et son ambiguïté, avoir des affinités avec la vision créatrice d’Henri Michaux lorsqu’il écrivait dans Émergences-Résurgences : “Mais il s’agissait toujours de l’impossible, de rendre le lieu sans lieu, la matérialité sans matérialité, l’espace sans limitation.” »

///Liste des œuvres exposées (non exhaustive)

[Sans titre] (No.Inv.207), 1978
Broderie de fil bleu sur tissu, 77 x 159 cm.

Végétation (No.Inv.209), 1978
Broderie de fil rose sur toile fine, 98 x 110,8 cm.