RYO TAKAHASHI Galerie Arnaud Lefebvre
SYLVIE BONNOT, MARIE-FRANCE JEAN, NADINE DE KOENIGSWARTER Galerie Ivana de Gavardie
16 septembre 2010 - 16 octobre 2010
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
RYO TAKAHASHI
GALERIE ARNAUD LEFEBVRE
SYLVIE BONNOT
MARIE-FRANCE JEAN
NADINE DE KÅ’NIGSWARTER
GALERIE IVANA DE GAVARDIE
16 septembre 2010 - 16 octobre 2010
Arnaud Lefebvre
est très heureux de présenter en septembre 2010 à la fois une exposition de
groupe de Sylvie Bonnot, Marie-France Jean et Nadine de Kœnigswarter à la
galerie Ivana de Gavardie, et une exposition personnelle de Ryo Takahashi à la
galerie Arnaud Lefebvre.
L’exposition
collective présente trois artistes femmes : Sylvie Bonnot, Marie-France
Jean et Nadine de Kœnigswarter ont été invitées à utiliser chacune un mur de
l’espace de la galerie Ivana de Gavardie.
SYLVIE BONNOT utilise
la photographie et le dessin. Ses photographies sont prises dans des lieux où
la majesté et la puissance, spécialement maritime, de la nature semblent ne
rien devoir à la présence humaine. Il ne s’agit cependant pas tant de reportage,
que de définir le lieu d’une expérience que Sylvie Bonnot poursuit dans son art.
Elle se soumet dans ses recherches successives aux conditions d’une véritable épreuve
physique et mentale dont le matériau artistique qu’elle rapporte serait une
sorte de journal anonyme. On n’y trouve aucune trace de l’histoire du photographe
à l’instant de son geste, seulement une épure d’un fait brut de nature surpris
dans le moment de son accomplissement.
Il y a une énergie et un engagement
impressionnants dans le travail de Sylvie Bonnot et je suis heureux de lui
offrir l’opportunité de présenter son travail récent à la galerie.
« Après un trajet de 4300 km, les
eaux tranquilles du fleuve Amour s’écoulent dans la mer Okhotsk juste en face
du point le plus au nord de l’île de Sakhaline en Russie. À cause de la faible
salinité de la mer d' Okhostk, une banquise de glace apparaît dans la partie
nord de la mer. Voici l’endroit où les concrétions sont nées. Puis elles
dérivent jusqu'à atteindre la côte nord d’Hokkaïdo et à la fin disparaissent
des côtes. »
Ce second voyage sur Hokkaïdo m’a permis de me
confronter au-delà du froid et de son éloignement géographique à une autre
forme d’isolation, celle du langage. Marcher seule dans un pays où je ne parle
pas la langue m’a forcée à plonger dans l’intimité du lieu, de m'y noyer toute
entière entre la contemplation, l’épreuve physique et la concentration propre
au travail.
Ce qui m’intéresse
est ce qui a cours entre l’effort physique pour accéder au lieu – toujours
seule –, la résistance sur place et la résiduelle photographique et
mentale.
J’aborde les
questions du lieu, du corps, du temps, de la disparition de ces glaces dans une
lecture poétique et érotique.
À ce jour je
compte poursuivre le travail sur les Coulées et l'associer avec une ou plusieurs
photographies relatives à ma recherche sur la banquise d'Hokkaïdo. Concernant
les Coulées, je vais conserver le même protocole (ruissellements d'encres sur
papier au sol, mouvements des encres générées par les mouvements du corps sur
la surface du support, interaction des déplacements d'encres, des couleurs, du
support et du corps, travail du temps, l'encre stagnante se concentre en
couleur de par l'évaporation de l'eau).
Les images de la
banquise me semblent se rapprocher des Coulées de par leur mouvement, la
lenteur.
La glace se
déplace grâce aux mouvements de la mer d'Okhotsk, et de par sa propre fonte, en
s'érodant au fil du temps, elle gagne en légèreté et se déplace plus vite. Ces
phénomènes mettent en valeur les rapports de force avec le temps, le mouvement,
le corps et surtout la perception que nous en avons, jusqu'Ã la disparition.
Ces photographies
sont argentiques, prise de vue Hasselblad, 6x6, n&blc, tirages barytés, il
s'agit d'un seul tirage, je pense à un format 100x100 ou 80x80cm; sinon,
peut-être 3 photographies en 30x30cm. — Sylvie Bonnot
http://www.sylviebonnot.com
Depuis 2002 (date de
sa dernière exposition à la galerie), NADINE DE KŒNIGSWARTER a publié un livre
sur la vie de sa grand-mère, Pannonica, qui était une grande dame mécène du
Jazz new-yorkais d’après-guerre. Ces dernières années, Nadine de Kœnigswarter s'est rendue souvent en
Afrique où elle s'est impliquée dans des projets de musique traditionnelle.
Cependant son travail a été peu visible à Paris
durant cette période. C’est pourtant un travail qui résiste au temps, d’une
originalité mêlant des expériences extrêmement diverses au sein d’une grande
intelligence plastique. L’art de Nadine de Kœnigswarter semble créer des
passerelles naturelles avec d’autres formes d’art dont il s’est lui-même
nourri, telles que
la poésie et la musique (le free jazz, la musique traditionnelle africaine). Nadine de
Kœnigswarter se sert aussi bien de l’abstraction que de la figuration, bien que
son travail me paraisse plutôt abstrait par essence, et d’une abstraction où la
puissance conceptuelle du langage n’est jamais loin.
On perçoit aussi dans ses œuvres un sens très
lucide de l’improvisation manuelle. On sent que Nadine de Kœnigswarter passe
avec une grande liberté de la pensée aux doigts dans le processus de son
travail, et qu’elle y trouve un véritable plaisir.
La durée se fait naturelle. Je perce le papier, animée
par la mémoire d’une cadence qui stimule le geste ainsi libéré. Le
dessin-perçage, projection mentale en exercice, vient accompagner le paysage de
l’image photographique. Les motifs dessinés, inspirés par la musique
traditionnelle africaine, comme par une déduction fluide, surgissent comme
allant de soi.
Je travaille à même
le sol et ce faisant le support devient englobant, laissant ses frontières
s‘estomper. D’autre part les papiers sont repoussés par le dos, « Ã
l’aveugle ».
Comme le musicien
de Jazz qui improvise, ici écoute et exécution se confondent.
Les incisions, scarifications, traces, sont un langage de l’œuvre qui,
dans son déploiement matériel tente de trouver une épaisseur temporelle. —
Nadine de KÅ“nigswarter
http://www.sabar-ring.com/telechargements/fr/nadinedekoenigswarter.pdf
MARIE-FRANCE JEAN
a exposé ses dessins d’Oiseaux en compagnie de Ryo Takahashi l’année dernière Ã
la galerie. Marie-France Jean avait été ainsi invitée par son compagnon Ã
partager son exposition à lui. L’originalité du travail de Marie-France Jean
s’est imposée dans cette exposition. Ses Oiseaux
investissent un champ de l’imagination qui n’existe nulle part ailleurs. Marie-France
Jean manie avec un plaisir visible son talent pour les formes qui
s’apprivoisent sur le papier. Ces formes jouent les unes avec les autres pour
donner la réplique aux mots qui les accompagnent dans leurs jeux.
Les dessins d’Oiseaux de Marie-France Jean
dépassent le comique, ils font naître une joie soudaine : il y a chez eux
quelque chose de silencieux qui va chercher très loin dans la réalité qui nous
entoure, et nous dévoile son aspect fragile et éphémère.
Sensible aux rayons du soleil la
Garonne se laisse caresser la peau. / Il fait frais ce matin sur le chemin qui
borde la digue. / Il n’y a personne à croiser. / Trop matin, ce matin.
LÃ
haut les Ziaux, eux, battent des ailes. /
Leur rythme étonne et chatouille l’air. / Noirs et blancs, moires,
cinglant l’espace aérien, ils volent. / Dégagés de certitudes leur effort est
une danse.
Le ciel est bleu, la trame de son étoffe
est tendue. / Très haut un H.rond plane, le voilà / disposant de son temps pour
être libre.
Tous
ces oisifs musardent, ils n’ont rien à faire. / Fugaces, ils se soustraient Ã
la frénésie. / Pensent-ils ? Pensent qui ? Qui pense ? Qui y pense ? / Ils
tracent des lignes, des traits, esquissent une invisible topographie, multiplient
l’invraisemblable. / Ils se déplient en taches et quelquefois jettent l’ancre
pour une éclaboussure. — Marie-France Jean
RYO TAKAHASHI a déjà exposé à plusieurs reprises à la galerie. « Seuil »
a déjà fait l’objet chez lui de plusieurs expositions. C’est un thème que Ryo
Takahashi poursuit à travers des matériaux divers (béton, suie, peinture,
verre) et des performances. Dans cette exposition personnelle à la galerie
Arnaud Lefebvre, Ryo Takahashi va présenter un nouveau travail dont il nous
livre un témoignage poétique dans son texte ci-dessous. A chaque nouvelle ligne,
quelque chose se rajoute qui s’anime dans la mémoire. Peu à peu, les opérations
des mots se font et se défont pour créer la réalité d’un espace mental qui nous
transporte dans l’univers de son travail.
Tout ce qu’il juge
trop personnel dans son idée est remanié par Ryo Takahashi jusqu’à ce qu’il lui
trouve une expression dépassant ce point de vue et parvenant à une forme
d’ensemble propre à son art.
C’est pourtant bien à un voyage que
Ryo Takahashi nous convie dans son Å“uvre : il me semble y percevoir les
multiples marques d’un grand journal (Nikki en japonais) dont son travail
constitue petit à petit les différentes étapes.
Seuil 2010
Il y a deux piliers au portail. Ils
sont en béton d’un ton fumeux dû à leur moiteur car ils viennent d’être
démoulés. / Sous le rayon du soleil, leur surface commence à sécher peu à peu
comme l’os tout blanc. Ces deux parallélépipèdes sont impassibles. / Des
oiseaux passent au-dessus d’eux et y jettent leur déjection. / Puis l’averse
les surprend, la moisissure les colore durant la longue pluie. / Le vent flatte
leur coin aigu. / Ils se laissent brûler au soleil d’été. / Ils s’exposent au
gaz d’échappement de la voiture. / Le chat les traite comme son belvédère. / Une
touffe de narcisse s’abrite à leurs pieds. / Serait-il possible qu’ils
deviennent un jour un repère pour mon premier visiteur ? / Après tant de temps,
leur apparence sera t-elle digne comme celle d’un beau pilier dans une partie
du jardin ? / Je songe à mes piliers dans un futur lointain. / Le temps passe.
Ils resteront toujours fidèles au seuil mais je ne passerai plus entre eux… / Aujourd’hui
je nettoie mes piliers, comme pour aller à contre-temps. / Le lendemain
matin tôt, Le soleil monte, la pluie tombe, un rouge-queue passe. Il lance une
fiente sur mon pilier pareil à un cache du jour. / Le chat y dort, / l’herbe le
borde, / la pollution le salit, / la
mousse le ronge… / Je trouve que mes piliers se tiennent fermes. / Ce matin,
ils sont juste-là au moment où je passe. / Je regarde ces piliers et je
pense à la relation à établir entre l’aspect de mes œuvres et mon geste. / Au
début je cherche un champ libre. / Il est comme un seuil ou personne ne passe.
/ Il peut être des toilettes pour les oiseaux. / Il peut être un belvédère pour
le chat, etc... / C’est un espace ouvert aux évènements, mon geste est un
pilier. / Le seuil a besoin d’un pilier. / Pour accueillir un passager, je
dessine un nouveau seuil. — Ryo Takahashi
GALERIE ARNAUD LEFEBVRE – 30 RUE MAZARINE –
75006 PARIS
Mardi-samedi : 10h30-12h30 et sur
rendez-vous
GALERIE IVANA DE GAVARDIE – 10 RUE DES
BEAUX-ARTS – 75006 PARIS
Mardi-samedi : 14h30-18h30
VernissageS : jeudi 16 SEPTEMBRE
2010 de 18h à 20h
Galerie Arnaud Lefebvre & Galerie
Ivana de Gavardie
Contact : Arnaud Lefebvre
tél. : +33 (0)1 43 26 50 67 / +33 (0)6
81 33 46 94
www.galeriearnaudlefebvre.com