CHRISTINE PIOT "Portrait d'artiste"
23 avril - 9 mai 2015
CYCLE PORTRAIT D'ARTISTE
La Galerie Arnaud Lefebvre présente
CHRISTINE PIOT
exposition du 23 avril au 9 mai 2015
vernissage jeudi 23 avril de 18h à 20h
intervention de Christine Piot à 19h
Depuis une quinzaine d’années, Christine Piot réalise des
peintures sur toiles à la tempera, qu’elle a choisi de nommer « Clairs-allants
». Cette dénomination générique est accompagnée d’un sous-titre plus précis,
comme « follet » (2007) ou « la déferlante » (2013). Au début des années 2000
les formes des « Clairs-allants » étaient caractérisées par une certaine simplicité, montrant de légers traits clairs sur fond sombre. Puis celles-ci ont
évolué vers une complexification, une vaporisation des formes, et des
couleurs plus claires.
Ces deux mots de « Clair-allants » nous entraînent dans un monde
onirique plus ou moins évocateur, que le regardeur peut interpréter à sa guise.
Dans les tableaux de 2014 et 2015, une atmosphère dansante suscite une sorte
de joie devant des cieux cléments, où les nuages ne font que passer. Christine
Piot vit en grande partie à la campagne et son rapport à la nature est très
prégnant. Les virtualités de la nature s’imposent sans doute à elle, quoique
semi-inconscientes. Le surgissement des formes peut s’élancer vers un grand
plan horizontal dans des tons beiges, que l’on ressent comme un éblouissement
métaphysique. Les dernières peintures peuvent évoquer des liens avec un
déroulement de tissus moelleux et doux, ce qui corrobore l’apport de la
bienfaisance de la nature. Elles peuvent suggérer des îles, l’écume des vagues
ou des jeux de lumière s’engloutissant dans un nuage plus sombre.
Mais la peinture de Christine Piot reste abstraite, orientée
vers une gestualité lyrique, où dit-elle « le geste et la couleur tissent de
l’indéfinissable ». Le réel reste insaisissable, d’où l’ambivalence de sa
recherche. Ce qui me fait penser à ce qu’écrivait Abdelwahab Meddeb à propos de
l’harmonie de l’univers : « Comme si l’harmonie cosmique, engendrée par la
naissance des formes, restait empreinte du chaos d’où elle provient1.»
1. In la revue art absolument, no 56, novembre-décembre
2013.
Anne Dagbert, mars 2015
Clairs-allants
Toutes mes œuvres peintes à la tempera sur toile portent, depuis
1999, le titre de “clairs-allants” qui s’accompagne, pour chacune d’elles, d’un
qualificatif suivi de l’année d’exécution.
En effet, la lumière est mouvement. Comment faire jouer les
agents spécifiques à la peinture, couleurs et gestes ? Je dépose la couleur sur
le support puis l’enlève à l’aide d’outils variés, rigides ou souples comme des
tissus, qui, par leur taille, impliquent un mouvement de tout le corps. En
laissant leur empreinte, ces outils façonnent les surfaces picturales et
découvrent les couches sous-jacentes, avec une part d’imprévisibilité. La
qualité de mon geste, rapide ou lent, ample ou incisif, détermine la fluidité
ou la densité de formes, de plans, de lignes directionnelles. À l’image de plis
ou de reflets sur une vitre, l’alternance de parties visibles et d’autres
occultées, de transparences et d’opacités, tisse un jeu d’événements
picturaux. Le regard les explore au fil d’analogies visuelles dont
l’émergence donne à l’œuvre une cohérence et enrichit sa résonance.
Christine Piot, 2015.
Clairs-allants
Since 1999, I have entitled each tempera
painting « clairs-allants », followed by a qualifier and the date it was
completed. Given that light is movement, how do I make use of the main
components of a painting – color and gesture ?
I apply paint to the canvas and remove it with
various tools, hard and soft ones, including pieces of fabric of a size which
requires a movement of the whole body to use them.
These tools impart a texture to the
paintings’pictorial surfaces, revealing the underlying layers with some
unpredictable effects. The broadness and swiftness of my motions induce the
more or less fluidity and density of the shapes, the planes and the directional
lines.
Like the folds of a fabric or the reflections
on a window pane, the alternation of visible and covered areas weaves a set
of pictorial events. The viewer’s eye discovers visual analogies which add
coherence to the work and enrich the echoes of it.
Christine Piot, 2015.